Upside Down, c’est une vidéo performance qui ne peut exister qu’après un an à faire du drag uniquement sur Instagram ; à être frustrée de voir cet art réduit au seul fait de faire « une belle image », qu’on like vite, qu’on oublie vite ; à être déçue de voir le drag devenir un concours de make up sans grand intérêt, reproduisant toutes les normes qu’on avait voulu fuir ; à s’épuiser à faire et faire et refaire et re refaire des looks, à se peinturlurer la gueule et à espérer que cette fois-ci sera la bonne, que cette fois-ci on me verra ; à se cacher derrière un filtre, deux filtres, trois filtres, à oublier un peu qui on est ; à s’épuiser de cette fabrique d’images soumises à des algorithmes où les gens queer, gros-ses, racisé-es n’ont aucune chance d’être vu-es ; à savoir que tout ça est vain, faux, fatiguant, lassant ; et à aimer tout ça très fort quand même, à s’acharner, à continuer de se mettre en drag, parce que rien « ne me fait me sentir comme toi », le drag, me fait sentir.
In English >
Upside Down is a video performance that can only exist after a year of doing drag only on Instagram; of being frustrated to see this art reduced to the sole fact of making “a beautiful image”, which is quickly liked and quickly forgotten; to be disappointed to see drag become an uninteresting make-up contest, reproducing all the norms we’d wanted to escape; to exhaust ourselves doing and doing and doing and doing again, painting our faces and hoping that this time will be the one, that this time I’ll be seen ; to hide behind a filter, two filters, three filters, to forget a little who we are; to be exhausted by this factory of images subjected to algorithms in which queer, fat, racialized people have no chance of being seen; to know that it’s all vain, false, exhausting, wearying; and to love it all so much anyway, to keep at it, to keep putting ourselves in drag, because nothing “makes me feel like you”, drag makes me feel.
